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22 Feb 18 | News

Le salaire de référence des travailleurs frontaliers et des résidents étrangers évolue-t-il en fonction de leur ancienneté sur le marché du travail luxembourgeois ?

Dans une récente publication du LISER intitulée « Time-in-Labour Market and the Reference Group », le Docteur Laetitia Hauret (LISER) et le Professeur Donald Williams (Kent State University et LISER) s’intéressent à la satisfaction des travailleurs sur le marché du travail luxembourgeois par rapport à leur salaire, et en particulier à qui ils se comparent pour évaluer leur niveau de salaire.

Les points de référence des travailleurs sont potentiellement divers : collègues, salariés exerçant la même profession au Luxembourg, salariés exerçant la même profession hors du Luxembourg, proches, …  

La question précise qui intéresse les chercheurs est de comprendre comment les différents groupes qui composent ce marché si diversifié forment leur point de référence. Ainsi, les frontaliers et résidents étrangers adaptent-ils leur point de référence en fonction du temps passé sur le marché du travail luxembourgeois ?

Pour répondre à cette question, les auteurs ont utilisé les données de l’enquête Conditions de travail et qualité de vie au travail menée en 2013 au Luxembourg. Cette enquête fournit de l’information sur les points de référence des salariés, information rarement disponible et qui a donc fait l’objet de très peu de recherche jusqu’à présent. Il a été demandé aux 17 000 salariés qui ont répondu à l’enquête à qui ils comparent leur salaire.

L’étude montre que plus les frontaliers et les résidents de nationalité étrangère travaillent depuis longtemps au Luxembourg, moins ils se réfèrent aux salariés travaillant dans un autre pays que le Luxembourg, à leurs proches ou à leurs collègues, et plus ils se réfèrent aux autres employés du Luxembourg. Ce résultat suggère que ces deux catégories de travailleurs s’acclimatent, au fil du temps, au marché du travail luxembourgeois, en abandonnant les groupes de référence qui étaient initialement les plus proches d’eux au profit de groupes localement plus proches à présent. Ainsi, en accumulant petit à petit de l’information sur les caractéristiques des employés du Luxembourg, frontaliers et résidents de nationalité étrangère sont plus susceptibles de les choisir comme groupe de référence.

Quant aux résidents de nationalité luxembourgeoise, ils ne changent pas de groupe de référence à mesure que leur ancienneté sur le marché du travail national augmente.

La satisfaction des travailleurs étant significativement influencée par leur groupe de référence sur le plan salarial, l’étude suggère que la satisfaction des travailleurs frontaliers et des résidents étrangers est susceptible d’évoluer au fil de leur intégration au Luxembourg.

Par ailleurs, le fait que les différents groupes ne s’adaptent pas de la même manière montre qu’il est nécessaire d’approfondir la question de la formation du groupe de référence. Les Luxembourgeois étant les seuls à ne pas adapter leur point de référence, on peut en effet se demander si ce phénomène est dû à une absence de mobilité en cours de carrière, ou si c’est parce que bien qu’étant minoritaires, ils gardent un rôle dominant sur le marché du travail.

Article rédigé par le LISER, paru dans Lëtzebuerger Gemengen, édition janvier 2018

HAURET Laetitia, WILLIAMS Donald R.
LISER, 2018, Working Papers n°2018-02, 24 p.
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