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03 Aug 18 | News

Le développement spatial du pays passé au crible

Cet article résulte des travaux de l’Observatoire du développement spatial réalisés par le LISER et financés par le Département de l’Aménagement du territoire du Ministère du Développement durable et des Infrastructures.

Depuis 2010, aucun pays d’Europe n’a connu une croissance démographique relative aussi rapide que celle du Grand-Duché. Avec 88000 nouveaux habitants en 7 ans, le pays a même vu sa population croître, en nombre absolu, plus rapidement que des pays pourtant beaucoup plus vastes et peuplés, comme la Slovaquie ou même l’Espagne.

Cette croissance, qui résulte essentiellement de l’immigration, traduit la formidable attractivité économique du pays, avec son marché de l’emploi extrêmement dynamique. Mais au-delà de ce premier constat plutôt flatteur, cette croissance occasionne de nombreux défis pour l’espace et pour la société, et il importe d’y apporter des réponses appropriées en matière d’aménagement du territoire.

Mais avant d’apporter des remèdes, il importe de faire les bons diagnostics, et c’est la mission de l’Observatoire du développement spatial, qui produit régulièrement des dossiers thématiques sur les enjeux territoriaux nationaux. Dans le dernier rapport, intitulé « Diagnostic du développement territorial » et qui analyse l’évolution de la situation depuis le premier rapport systématique sur la situation du développement spatial paru en 2008, pas moins de 34 indicateurs essentiellement représentés sous forme de cartes, fournissent un panorama des enjeux et des défis à gérer en matière d’organisation du territoire. Quatre grandes thématiques sont abordées, qui font écho aux objectifs du Programme Directeur d’Aménagement du territoire de 2003 : le renforcement du polycentrisme, la promotion d’un tissu urbain plus dense, l’amélioration de la mobilité et la préservation du milieu naturel.

Compte-tenu de la vitesse du développement spatial, la plupart des problématiques soulevées dans le rapport de 2008 restent valides et se sont même aggravées. La congestion des axes routiers s’est globalement accrue (sauf sur certains tronçons entre le Nord du pays et la capitale, grâce à la finalisation de l’autoroute A7), les prix fonciers et immobiliers se sont envolés et enfin l’étalement urbain touche à peu près l’ensemble du pays et fragmente encore davantage les paysages et les biotopes naturels.

Pourtant quelques points positifs ressortent tout de même et doivent être mis en avant.

Tout d’abord, la progression des surfaces urbanisées s’est stabilisée et s’est même légèrement infléchie, ce qui montre que lorsque des espaces agricoles ou forestiers sont convertis en espaces urbains, c’est avec une plus grande densité de construction. Cette densification est nécessaire pour préserver le sol, qui est une ressource rare et non renouvelable.

En matière de mobilité, la mise en place du tramway et la création de l’arrêt Pfaffenthal-Kirchberg permettent d’améliorer la mobilité en transports en commun et l’accessibilité à la capitale, même s’il est encore trop tôt pour en identifier précisément les effets.

En ce qui concerne l’organisation du territoire et de ses centralités urbaines, la capitale a retrouvé un dynamisme démographique qui lui a longtemps fait défaut, avec 30 000 nouveaux habitants entre 2007 et 2017. Cela lui permet d’affirmer son rang de capitale européenne. En parallèle, Esch-sur-Alzette, avec le développement du site de Belval, semble avoir entamé son renouveau et a renforcé son rang de second centre urbain du pays. Le renforcement de ces deux centres urbains permet de concentrer le développement dans les espaces les plus propices à accueillir une nouvelle population en raison de la présence de services, commerces et équipements publics.

Enfin, la liste des espaces naturels bénéficiant de statuts de protection a très fortement augmenté, ce qui traduit la prise de conscience de l’urgence qu’il y a à sauver notre patrimoine naturel.

Consultez le rapport complet (Diagnostic du développement territorial, Antoine Decoville, Valérie Feltgen, juin 2018) sur le site du Département de l’aménagement du territoire du Ministère du Développement durable et des Infrastructures