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02 Nov 18 | News

Les différences de richesse entre les sexes. Quels sont les facteurs explicatifs ?

Deux publications du Luxembourg Institute of Socio-Economic Research (LISER) abordent ces différences sous des angles différents. L’une se concentre sur l’Allemagne et l’autre sur le Luxembourg

Dans le contexte actuel, le bien-être économique dépend de plus en plus de la richesse privée des individus ; l’étude des déterminants de cette richesse suscite donc un intérêt croissant. Cependant, jusqu’à récemment, les informations sur la richesse privée étaient rares ou inexistantes dans de nombreux pays européens. Avec la disponibilité de nouvelles sources de données, cet écart de connaissances s’est considérablement réduit. Jusqu’alors, la richesse privée n’était généralement étudiée qu’au niveau du ménage  ; la répartition de la richesse au sein même du ménage restait en grande partie un mystère. La littérature existante a montré que les différences de richesse individuelle pouvaient conduire à d’importantes inégalités au sein du ménage. Compte tenu de leurs plus faibles niveaux de pension alors même qu’elles ont une espérance de vie plus longue que les hommes, les femmes doivent accorder une attention particulière à leur propre patrimoine privé.

Dans leur dernier document de travail1, les auteurs (SIERMINSKA Eva, PIAZZALUNGA Daniela, GRABKA Markus M.) examinent les inégalités de richesse des ménages. Cette étude porte sur l’Allemagne et vise à étudier les facteurs explicatifs de l’évolution des niveaux de richesse, ainsi que les différences de richesse entre les femmes et les hommes en Allemagne sur la période 2002-2012. Les auteurs se concentrent sur les revenus dérivés du travail, en particulier, car durant cette période, l’Allemagne a connu des d’importantes réformes du marché du travail (par exemple, les réformes Hartz et d’autres qui ont conduit à une forte augmentation de la participation des femmes au marché du travail). L’étude examine également le rôle du revenu permanent, de la composition du portefeuille et de l’état matrimonial sur l’accumulation du patrimoine.

En utilisant les microdonnées individuelles du panel socioéconomique allemand, les résultats montrent que les niveaux de richesse moyens réels de la population en âge de travailler ont diminué tant pour les femmes que pour les hommes, mais davantage pour les hommes. En conséquence, entre 2002 et 2012, l’écart de richesse entre les hommes et les femmes a diminué de 13,5% s’établissant à 30.700€.

L’un des facteurs explicatifs les plus importants réside dans la participation des femmes au marché du travail. Les femmes, en augmentant leur participation au marché du travail ont connu une augmentation de leur revenu du travail mais également de leur revenu permanent ; contribuant ainsi à un accroissement de leur richesse.

Grâce à la précision des données individuelles et à leur dimension temporelle, les auteurs appliquent les techniques de décomposition du revenu les plus récentes pour expliquer l’écart de richesse entre les sexes. Ils montrent ainsi qu’au fil du temps, les écarts de richesse entre femmes et hommes tendent à se réduire, à la fois en termes de revenu permanent et de rendements financiers.

Ces résultats complètent ceux d’un rapport publié2 en 2017 par Dr. Eva Sierminska, l’un des auteurs de l’étude. Ce rapport étudie l’écart de richesse entre les sexes au Luxembourg et dresse un aperçu exhaustif de la situation patrimoniale des femmes et des hommes du pays.

Les résultats de ce rapport indiquent que les hommes qui se déclarent être les mieux informés sur le plan financier au sein du ménage ont, en moyenne, des niveaux de richesse nette plus élevés. L’écart entre les niveaux de richesse des femmes et des hommes jamais mariés est plus marqué qu’en moyenne pour l’ensemble de la population.

En comparant les niveaux d’investissement d’actifs particuliers, ce rapport constate par ailleurs que les hommes investissent une plus grande proportion de leur patrimoine dans des actifs financiers, tandis que les femmes investissent davantage dans le logement. Cela suggère que les femmes préfèrent épargner, alors que les hommes préfèrent investir. En outre, les femmes sont plus susceptibles de posséder des biens immobiliers que les hommes, tandis que les hommes sont plus susceptibles de posséder des actifs risqués.

La participation à l’endettement varie selon l’état matrimonial : les hommes célibataires sont plus susceptibles d’avoir un certain type d’endettement que les femmes célibataires, alors que c’est le contraire pour les ménages où les deux conjoints sont présents.

Eva Sierminska
Département ‘Marché du Travail’


1 SIERMINSKA Eva, PIAZZALUNGA Daniela, GRABKA Markus M. Transitioning towards more equality? Wealth gender differences and the changing role of explanatory
factors over time. Luxembourg Institute of Socio-Economic Research (LISER), 2018, Working Papers n°2018-18, 37 p.

2 SIERMINSKA Eva, WEBER Fabienne. A first glimpse into the gender wealth gap in Luxembourg: Report on the wealth situation of women and men. Luxembourg
Institute of Socio-economic Research (LISER), 2017, Les rapports du LISER, 26 p.