Recherche primée sur l’impact de l’intelligence artificielle sur le marché du travail
L’étude AI, Task Changes in Jobs, and Worker Reallocation (IZA DP n° 17554) de Christina Gathmann (LISER et IZA), Felix Grimm (LISER) et Erwin Winkler (Université d’Erlangen-Nuremberg et IZA) a été sélectionnée pour le Prix IZA 2025 de la recherche innovante sur une question publique urgente (IRPPI). Cette prestigieuse distinction récompense le meilleur document de travail IZA publié en 2024 sur un sujet lié à l’intelligence artificielle. Alors que l’IA continue de transformer les industries et les dynamiques de l’emploi, le prix IRPPI met à l’honneur une recherche pionnière qui approfondit notre compréhension de ces évolutions majeures.
L’étude offre des éclairages essentiels sur la manière dont les changements induits par l’IA dans les tâches professionnelles influencent les marchés du travail, avec un accent particulier sur la réaffectation des travailleurs et les structures de l’emploi. En utilisant des mesures inédites basées sur les brevets pour évaluer l’exposition à l’IA et aux robots, les auteurs analysent des données d’enquêtes individuelles sur les tâches ainsi que des données administratives sur les parcours professionnels. Leurs résultats montrent que les robots réduisent principalement les tâches routinières, tandis que l’IA affecte les tâches abstraites non routinières — comme la collecte d’information — tout en augmentant la demande pour des tâches routinières de haut niveau, telles que la surveillance des processus. Ces changements se produisent essentiellement au sein même des professions et tendent à s’intensifier avec le temps.
Bien que les effets de déplacement soient relativement limités, la recherche met en lumière la manière dont les travailleurs réagissent, en changeant souvent de poste ou en passant à des secteurs moins exposés à l’IA. L’étude révèle également d’importantes disparités salariales : les travailleurs peu qualifiés subissent généralement des pertes de salaire, tandis que les travailleurs qualifiés déjà en poste bénéficient souvent de hausses de rémunération. Ces résultats offrent une compréhension nuancée du rôle de l’IA dans l’évolution du marché du travail, fournissant des pistes précieuses pour les décideurs publics et les acteurs économiques.
Selon le comité de sélection, composé notamment de Kristina McElheran (Université de Toronto) et Andrew Oswald (IZA et Université de Warwick), cette recherche primée « représente le meilleur de l’économie du travail contemporaine ». En mettant en lumière les effets complexes de l’IA sur l’emploi, les salaires et la mobilité professionnelle, l’étude souligne l’importance de stratégies proactives pour garantir un marché du travail inclusif et adaptable à l’ère de l’intelligence artificielle.