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12 Apr 19 | News

Le coeur à coeur

Des chercheurs du LISER mettent en lumière les changements de comportement des patients face aux facteurs de risque de maladies cardiovasculaires. 

Les maladies cardiovasculaires représentent l’une des principales causes de mortalité et de morbidité dans le monde, y compris au Luxembourg. Le Docteur Anastase Tchicaya et madame Nathalie Lorentz, du Département Conditions de Vie, nous éclairent sur les changements de comportement des patients face aux facteurs de risque de maladies cardiovasculaires. 

Docteur, madame, pouvez-vous nous faire part de vos remarques quant aux récents travaux réalisés par des chercheurs du LISER? 

Ces travaux ont été réalisés sur des patients souffrant de maladies cardiovasculaires. Ils mettent en évidence la problématique inhérente aux inégalités sociales relatives au changement des comportements de santé, ceci cinq ans après un examen des coronaires effectué au Grand-Duché de Luxembourg : en 2013/2014, une enquête de suivi inédite  a été réalisée auprès de patients ayant effectué un examen des coronaires à l’Institut National de Chirurgie cardiaque et de Cardiologie Interventionnelle (INCCI) entre 2008 et 2009. De l’analyse des données de 1289 patients ayant répondu de manière complète au questionnaire, il ressort plusieurs points saillants.

Quels sont vos observations au regard de l'analyse de ces données ?

Nous observons des changements de comportement perceptibles cinq ans après un examen des coronaires. Ainsi, plus de la moitié des patients répondants avait modifié leurs habitudes alimentaires : 72 % avaient réduit ou arrêté la consommation de matières grasses, 58 % avaient réduit ou arrêté la consommation de sel, 63 % avaient réduit ou arrêté la consommation de sucre et 65 % avaient augmenté leur consommation de fruits et légumes.

 

Y a-t-il des différences de changement de comportement  entre les hommes et les femmes ?

Effectivement, nos études démontrent que les femmes sont plus enclines à modifier leurs habitudes alimentaires (consommation de matières grasses, de sel, de sucre et des fruits et légumes). L’écart le plus flagrant entre hommes et femmes concerne la réduction ou l’arrêt de la consommation de sel (65% parmi les femmes contre 55% parmi les hommes).

Assez étonnamment également, vous observez que les patients ayant un faible statut socio-économique sont les plus réceptifs à un changement de leur comportement par rapport à leur alimentation.

Les chiffres masquent l’existence d’inégalités sociales face au changement de comportement de santé ou à l’adhérence aux conseils de prévention délivrés par le corps médical et les autorités sanitaires. Les patients déclarant vivre dans des conditions difficiles sont plus susceptibles de réduire ou d’arrêter la consommation de matière grasse (79%), de sel (66,5%) et de sucre (70%) ou d’augmenter la consommation de fruits et légumes (73%) que ceux déclarant vivre dans des conditions plus aisées (respectivement 71%, 57%, 61,5% et 64%). Il est à noter que, parmi les patients vivant dans des conditions de vie difficiles, il n’existe pas de différences de comportement entre les hommes et les femmes face aux facteurs de risque.

Y a-t-il une influence du diagnostic sur le changement de comportement ?

Indéniablement. Les patients diagnostiqués avec une angine de poitrine sont plus susceptibles de réduire ou d’arrêter la consommation de sucre (67%) que ceux avec un infarctus du myocarde (64%). Ceux avec un infarctus du myocarde sont plus enclins à arrêter de fumer (79%) que ceux qui souffrent d’une angine de poitrine. Globalement, ces résultats témoignent du caractère inégal du changement de comportement de santé des patients.

Article rédigé par le LISER, paru dans Femmes Magazine, édition mars 2019