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15 Jun 19 | News

L’Humain au cœur des projets

Aline Muller partage son parcours et ce qui la passionne au LISER dans un entretien avec Femmes Magazine

Elle a parcouru le monde, l’Afrique notamment, avant de revenir au pays, riche de ses rencontres et expériences. C’est toujours l’humain qui motive Aline Muller, CEO du Luxembourg Institute of Socio-Economic Research (LISER), prof à l’Université de Liège (HEC) et à l’Université du Luxembourg. Souriante et pleine d’énergie, elle se raconte avec chaleur et simplicité. 

Vous avez opté pour les mathématiques puis la finance internationale, parcours peu typique pour une jeune femme?

Je n’étais pas littéraire, les mathématiques ont l’avantage qu’il ne faut pas trop étudier une fois qu’on a compris (rires !). J’aime me retrouver dans leur environnement structurant et rassurant. Et si j’ai choisi la finance c’est qu’elle en est un des champs d’application. De là, je suis passée à la finance internationale par goût du voyage… Il est vrai qu’à l’époque où j’ai fait mon doctorat, j’étais la seule femme du département et qu’il y en avait très peu aussi aux conférences auxquelles j’ai participé. Cela a peu changé depuis, malheureusement.

Vous enseignez dans plusieurs universités et donnez moult conférences. Pourquoi avoir pris la tête du LISER en 2016?

Mon goût pour l’espace et la liberté est une des caractéristiques de ma carrière. Et là où on a le plus de liberté, c’est là où le défi est le plus grand, là où tout est à inventer, où il n’y a pas de roadmap! C’est ce qui, chaque fois, a motivé mes choix - sans avoir de plan de carrière en tête. Mon tout premier poste académique, aux Pays-Bas, était dans un département qui était à construire. Mon passage des Pays-Bas à la Belgique m’a amené à m’investir dans la coopération internationale. Et c’est encore le défi qui m’a ramené en 2016 au Luxembourg. Le LISER était dans une situation critique et n’avait pas la place qu’il méritait. Il fallait construire, créer avec l’équipe c’est ce qu’il y a de plus beau, de plus passionnant.

"Le LISER c’est des projets, des idées, des hommes et des femmes" - Prof. Aline Muller

Pouvez-vous nous parler d’un chantier du LISER qui vous passionne tout particulièrement? Un chantier ?

La politique des ressources humaines! J’y suis profondément engagée en tant que responsable de l’institut. J’aime innover et prendre des risques pour augmenter les chances de succès des personnes avec lesquelles je travaille. Sinon ce qui m’inspire, me nourrit et me donne de l’énergie, c’est la dimension humaine de nos projets, convaincre le gouvernement, les partenaires privés/ publics, que ce qui fera la différence, même en matière de performance économique, de compétitivité, de productivité, c’est l’humain au centre de nos modèles économiques, technologiques, urbains… Il faudrait réfléchir, anticiper la ville comme un ensemble de relations humaines et socio-économiques et construire à partir de là. Pas l’inverse! Pour cela, il faut modéliser à partir des données du terrain et croyez-moi, sur le terrain entreprises, hommes et femmes ont envie, besoin qu’on comprenne leurs modes de vie, leurs modes de travail, leurs préférences !

Membre de nombreux conseils et réseaux internationaux, pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre engagement sur le terrain du développement?

Pendant plus de 15 ans, j’ai été très active en économie du développement et coopération universitaire avec en 2000 un premier projet au Bénin. Puis il y a eu le Tchad, la Tanzanie, la RDC… J’ai énormément appris, énormément reçu et les projets ont été de vrais coups de cœur. Je pense que les structures de recherche devraient être davantage partenaires dans la politique de coopération au développement du Luxembourg. Les sciences et les scientifiques peuvent apporter leur pierre à l’édifice.

Avec des activités très prenantes, est-ce difficile de concilier vie professionnelle et vie privée? L’Aline qui rentre à la maison et retrouve sa petite fille Lily qui chante et son fils Tom qui danse c’est la même que l’Aline qui dirige le LISER. Je me nourris et je puise mon énergie dans ma capacité à rester alignée avec moi-même. Bien sûr, j’adapte quand même un rien mon comportement (rires)!

Article rédigé par Karine Sitarz, paru dans Femmes Magazine, édition avril 2019

Questions à la volée:
Une destination: La Nouvelle-Zélande pour la nature sauvage et l’omniprésence de l’océan. L’Afrique pour la chaleur et la richesse des relations humaines.
Une philosophie de vie: Être amoureuse ! De la vie, des projets, des personnes et de l’homme de ma vie. Être amoureuse, c’est prendre des risques.
Un livre de chevet: Jacques Prévert, Anatole France, Serge Gainsbourg… les livres changent mais les poèmes sur ma table de nuit restent.