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18 Nov 19 | News

Attitudes par rapport à l’intégration des immigrés au Luxembourg

Avec près de 50 % de ses résidents nés à l’étranger (le pourcentage le plus élevé d’Europe), le Luxembourg constitue un excellent terrain d’études pour aborder ces questions.

Dr. Marie Valentova et d’autres chercheurs du LISER ont utilisé l’enquête European Values Survey (EVS), qui interroge les individus sur toute une série de valeurs et d’attitudes, afin d’analyser l’évolution des attitudes par rapport à l’intégration au Luxembourg de 1999 à 2008 et les différences entre les Luxembourgeois de naissance et les différents groupes de résidents avec des origines étrangères. Pour ce faire, ils se sont également intéressés à la manière dont ces préférences variaient entre les groupes minoritaires et majoritaires au Luxembourg et aussi à l’évolution de ces préférences dans le temps.

Que dire de l’immigration ?
Depuis le milieu du XXe siècle, l’Europe est confrontée à une immigration plus importante que jamais, ce qui a engendré des changements ethniques, culturels et démographiques. Les exemples de racisme et de xénophobie, voire de violences raciales constatés en Europe de l’Ouest témoignent du fait que ce phénomène migratoire a mis nos sociétés à l’épreuve, provoquant des conflits intergroupes et mettant à mal la cohésion et l’inclusion sociales dans la plupart des pays occidentaux. Pour ces raisons, les attitudes à l’égard de l’intégration et de l’immigration en Europe méritent une attention toute particulière, tant d’un point de vue théorique que politique. Avec près de 50 % de ses résidents nés à l’étranger (le pourcentage le plus élevé d’Europe), le Luxembourg constitue un excellent terrain d’études pour aborder ces questions. C’est pour cela que des chercheurs du LISER ont décidé de mener une étude sur ce phénomène de société, qui touche de près le Grand-Duché.

Quels sont les premiers résultats qui émergent ?
Les résidents natifs (ainsi que les immigrés de deuxième génération dont un seul parent est né à l’étranger) sont davantage susceptibles d’être en faveur de l’assimilation, que les immigrés de première génération et que ceux de deuxième génération, dont les deux parents sont nés à l’étranger. Pour les attitudes multiculturelles, les immigrés de première et deuxième génération (dont les deux parents sont nés à l’étranger) sont plus ouverts au multiculturalisme que les natifs.
L’étude conforte l’idée selon laquelle certaines catégories sociales du groupe majoritaire perçoivent les groupes d’immigrés comme une menace culturelle et préfèreraient donc que ces derniers renoncent à leurs spécificités. Inversement, le penchant pour le multiculturalisme chez les résidents issus de l’immigration est en accord avec l’argument selon lequel ce modèle génère moins de stress acculturatif.

Quel résultat est le plus surprenant ?
La découverte majeure de cette analyse concerne le changement d’attitude au fil du temps. En effet, le soutien à l’assimilation a augmenté significativement au sein de la population native entre 1999 et 2008. Cette hausse pourrait s’expliquer par la diversification prononcée de la société luxembourgeoise au cours de la période examinée. Toutefois, de manière surprenante, l’étude met également en évidence une augmentation très comparable du soutien à l’assimilation chez les non-natifs.
Ces résultats pourraient s’expliquer par le fait que l’hétérogénéité actuelle de ces sociétés multilingues et multinationales incitent tous les résidents à trouver un socle commun, cela entraînant un soutien plus prononcé à l’assimilation et moins d’attrait pour le multiculturalisme, y compris chez les résidents qui ont connu l’immigration.

Article rédigé par le LISER, paru dans Femmes Magazine, édition octobre 2019