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23 Oct 15 | News

Dialogue social dans le secteur financier en Europe

Le LISER est heureux d’annoncer la publication du rapport final du projet de recherche européen EUROSOFIN – Social dialogue in the Financial Sector in Europe: contribution to anticipation and restructuring

Le Luxembourg Institute of Socio-Economic Research (LISER) est heureux d’annoncer la publication du rapport final du projet de recherche européen EUROSOFIN – Social dialogue in the Financial Sector in Europe: contribution to anticipation and restructuring. Cofinancé par la DG Emploi, Affaires sociales et Inclusion de la Commission européenne, le projet a réuni un partenariat européen d’institutions de cinq pays (le LISER, le Working Lives Research Institute de la London Metropolitan University au Royaume-Uni, ASTREES en France, FORBA en Autriche et le syndicat du secteur des banques en Roumanie, le FSAB) sous la coordination des chercheurs Patrick Thill (LISER) et Vassil Kirov, professeur associé au Centre Pierre Naville de l’Université
d’Evry-Val-d’Essonne. 

Le principal objectif du projet EUROSOFIN (2013-2015) a été de mobiliser les partenaires sociaux du secteur bancaire des places financières de Luxembourg, Londres, Paris, Vienne et Bucarest pour analyser les mécanismes de dialogue social en termes d’anticipation des restructurations dans un secteur concurrentiel international, de définir les principaux défis, et de partager les bonnes pratiques dans l’atténuation des effets de la crise dans les pays participants. Le projet a été basé sur une approche méthodologique qui combine les activités de recherche sur la restructuration dans le secteur bancaire (une quarantaine d’entretiens semi-directifs, observations, analyse de documents) avec des discussions et débats sur la restructuration socialement responsable et ceci à travers l’organisation de séminaires nationaux dans les pays participants.

Le rapport final identifie les facteurs principaux qui mènent à des restructurations ainsi que les impacts spécifiques dans les pays analysés en termes de l’emploi et de qualifications. Selon les auteurs, dans le cas où la restructuration est inévitable, sa mise en œuvre socialement responsable doit comporter trois phases : l’anticipation de la restructuration (instruments de suivi, d’échange, de monitoring conjoints); la gestion de la restructuration (à travers la négociation collective et les différents instruments tels que la formation, la mobilité externe ou interne, etc.) et la gestion de son impact (par exemple avec la mobilisation d’instruments transitoires de soutien comme les work foundations en Autriche ou de requalifications comme le programme Fit4Finance).
 
Au Luxembourg en particulier, la crise a eu depuis son début en 2007 un impact considérable en termes de pertes d’emplois, de revenus et de réorganisation des activités financières. La recherche analyse l’impact sur les pratiques de la négociation collective d’une série de développements exogènes liés à cette crise, tels que la pression des stratégies de régulation européennes et internationales, l’internationalisation des recrutements dans le secteur, ainsi que l’essor des pratiques de sous-traitance. Il est montré que le système multi-niveaux bien structuré de la négociation collective, la négociation et l’application de la convention collective de travail sectorielle, la représentation des salariés au niveau de la banque, combinée avec des instruments informels appliqués à partir du modèle traditionnel de la gestion des relations sociales au Luxembourg, ont évité un choc négatif majeur pour le secteur et l’économie en général.
 
En outre, un processus croissant de « juridisation » a été constaté. Il se traduit par la mobilisation d’une expertise externe lors des processus de négociations avec l’objectif de répondre plus efficacement et rapidement aux cas de restructurations. Cette mobilisation opère en parallèle au dialogue social informel et au cadre juridique existant. Des solutions en dehors des voies formalisées sont préférées par de nombreuses banques, tels que les accords de niveau de l’entreprise. La recherche confirme la tendance générale de la négociation collective - et observée par la littérature sur les relations professionnelles - vers un dialogue social organisé mais fragmenté dans le cas des restructurations au Luxembourg. En termes d’anticipation, les partenaires sociaux ont une bonne compréhension des défis futurs. Cependant, il leur semble difficile d’anticiper les besoins futurs de qualifications et de compétences, même si les grandes banques sont beaucoup plus en mesure de planifier sur le long terme. Ces problèmes sont encore renforcés par une culture spécifique du secret qui agit comme une barrière contre les signaux d’alerte précoces.

Le projet conclut que l’apprentissage dans le cadre de réseaux transnationaux peut conduire au transfert d’instruments de la négociation collective et à l’adoption de solutions dans des contextes différents. La nécessité d’une meilleure utilisation des instruments européens, tels que les comités d’entreprise européens dans le secteur, est également mise en avant.